En cette période de congés, de vacances pour beaucoup, cette page de l’évangile de Luc nous montre Jésus apprenant à prier à ses disciples. Mettons-nous aussi à son école pendant quelques instants. Nous connaissons bien ce passage de l’Évangile selon saint Luc que l’on appelle souvent l’évangéliste de la miséricorde et aussi de la prière. Dans notre évangile d’aujourd’hui il y a deux détails propres à saint Luc , que l’on ne trouve ni chez Marc, ni chez Matthieu ; l’un est au début, l’autre à la fin de notre texte; les avez-vous remarqués ?
- Au début : « Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé (voilà la particularité de Luc), un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier… ». Quand il eut terminé… Représentons-nous la scène : les disciples sont autour de Jésus, un peu comme nous autour de l’autel et ils regardent Jésus prier. Ils attendent qu’il ait terminé ; ils ne lui tapent pas sur l’épaule en lui disant : Eh, le temps passe, il faut y aller ! Jésus en prière, ce devait être tellement beau, grand, unique… Ils sont fascinés et l’un d’eux lui dit : Mais à qui tu parles ? Comment tu fais ? On voudrait prier comme toi, apprends-nous ; Jean-Baptiste a bien appris à ses disciples… Et Jésus répond si simplement : « Quand vous priez, dites : Père… ». Pour Jésus Dieu est d’abord Père… La première chose qu’il nous transmet de Dieu c’est qu’il est Père… et donc que nous sommes ses enfants… Dans notre assemblée il y a des mamans, des papas : les mamans, pensez à votre tout petit enfant quand vous le portiez dans votre sein, les papas pensez à la première fois où vous avez pris dans vos bras ce tout petit qui venait de naître ; vous aviez peur de le casser… Dieu-Père c’est d’abord cela : une tendresse qui porte en lui et qui veut serrer dans ses bras l’humanité tellement fragile… Si tous les hommes accueillaient Dieu ainsi comme un Père, s’ils s’accueillaient les uns les autres comme des fils et filles du Père et donc comme des frères et sœurs les uns des autres, croyez-vous que le carnage de Nice ou les milliers de victimes de la violence seraient encore possibles ? Quand Jésus nous dit de prier Dieu comme Notre Père, il nous donne le secret de la paix sur la terre. Pendant ces jours de vacances, prenons le temps de méditer cette paternité de Dieu, cette tendresse de Dieu pour nous…
- A la fin de cette page d’évangile il y a un autre détail propre à saint Luc. « Vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ? ». Comme toujours Jésus voit d’abord le positif en l’autre : Bien que mauvais, vous savez donner de bonnes choses… Mauvais, nous ? Bien sûr ! Pensons à tout ce qui peut habiter notre esprit et notre cœur : pensées de vengeance, de haine, de convoitise, d’impureté… Oui il y a ça en nous, mais – dit Jésus : il n’y a pas que ça, Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants… Si votre petit enfant vous dit : maman, papa, j’ai faim, j’ai soif… Si vous voyez à la TV ces gosses qui meurent de faim ou qui sont engloutis au fond de la Méditerrannée en essayant d’arriver en Europe avec leurs parents qui fuient la guerre, vous êtes émus, vous êtes capables de compassion… Vous allez faire quelque chose, non ?… Eh bien, Jésus nous dit Demandez comme un enfant, insistez comme Abraham qui parlemente avec Dieu, dans la première lecture, ou comme cet ami qui va frapper la nuit à la porte du voisin pour qu’il lui donne du pain pour ses amis arrivés à l’improviste… Demandez et Dieu vous donnera, mais qu’est-ce qu’il vous donnera ? – Eh bien, voici la particularité propre à saint Luc – Dieu vous donnera l’Esprit Saint. Et Jésus nous livre ici le secret de la vraie prière : Notre Prière n’est pas la nôtre ; elle ne vient pas de nous d’abord, notre prière est la sienne, celle de Jésus en nous, de l’Esprit de Jésus en nous. Paul dit dans la deuxième lecture : Dieu nous a donné la vie avec le Christ… eh bien, Dieu, avec Jésus et par l’esprit de Jésus nous a donné la vraie prière. Un de nos frères moines de la Pierre Qui Vire, décédé il y a peu à l’âge de cent ans, était interviewé un jour sur la prière par le Journal La Croix ; Il disait ceci : «… Il m’a fallu du temps, mais je crois que je suis devenu véritablement moine le jour où j’ai découvert que ce n’est pas moi qui prie, mais Dieu qui prie en moi. Prier, c’est entrer dans la prière que Dieu fait continuellement en moi. L’Esprit vient en moi adresser la prière du Christ à son Père. Or l’Esprit, c’est étymologiquement, le souffle de Dieu. La prière, c’est donc Dieu qui vient respirer en moi, afin que je respire de sa propre respiration. Prier c’est respirer Dieu ». Nous sommes souvent trop bavards dans la prière. Je vous souhaite de profiter de ce temps de vacances pour découvrir cela : l’Esprit de Jésus qui prie en nous et dit « Père » … Amen !
Frère André-Jean
Abbaye Saint Benoît d'En Calcat - 81110 DOURGNE