Chacun, chacune d’entre nous a perdu des êtres chers : un conjoint, un père, une mère, un frère, une sœur, un ami, des personnes que nous avons aimés, qui nous ont aimés, parfois aussi que nous avons eu de la peine à aimer. Où sont-ils donc ? Où sont tous nos morts ? Et toutes ces victimes que la mort, la violence, la guerre vient arracher à la vie chaque jour en Syrie, Irak et ailleurs?
En ce dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte, la réponse est inscrite à la fois dans les textes de la Parole de Dieu, et aussi sur le cierge pascal bien visible depuis Pâques et que l’on enlèvera à la Pentecôte. A la vigile pascale, le prêtre a inscrit sur le cierge cela même que nous venons d’entendre dans l’Apocalypse de saint Jean : « le Christ, alpha et oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin ». Avant nous et après nous il y a la Vie. Tout n’a pas commencé ni ne finit avec nous. Le Christ, le premier et le dernier, le commencement et la fin de tout ». Ce Christ, Jésus mort et ressuscité, Étienne, « rempli de l’Esprit Saint, le voit dans le ciel ouvert, nous dit la 1ère lecture, debout à la droite du Père… ». Jésus est Celui qui ouvre le ciel, comme, dans l’Apocalypse, « les portes seront ouvertes pour que tous les morts purifiés par le sang de Jésus entrent dans la cité éternelle » Le ciel ouvert, les portes ouvertes : Dieu veut rassembler en Jésus qu’Etienne voit debout à la droite du Père, tous les êtres qu’il a créés.
C’est cela que Jésus demande à son Père, c’est pour cela qu’Il prie son Père : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi… » C’est, je crois la seule fois dans l’Evangile, où Jésus dit à son Père : « Je veux… ». Où sont tous nos morts ? Ils sont avec Jésus. Le ciel, ce n’est pas une nouvelle planète où tous les hommes seraient enfin confortablement installés dans le bonheur ; le ciel n’est pas un lieu, un endroit. C’est une relation, « être avec ». Nous savons par expérience que ce qui nous rend le plus heureux ou malheureux c’est la réussite ou l’échec de nos relations interpersonnelles. Le ciel, la vie éternelle, c’est « être avec Dieu, avec le Christ », être avec et ensemble avec Lui, dans un bonheur, une paix, une joie, une communion éternelle. S. Augustin dit : « Quand notre vie aura pris fin, c’est le Christ qui sera notre lieu, notre patrie… ».
Dimanche prochain, à la Pentecôte, on enlèvera le cierge pascal, parce que, Jésus, vrai homme, auprès du Père, notre Sauveur est désormais invisible, cherché par nous, atteint, rejoint, non dans la claire vision, mais dans l’obscurité de la foi. A la Pentecôte, c’est par l’Esprit Saint qu’il est désormais présent, invisible mais présent. Il reviendra nous prendre avec lui à notre mort, pour que « là où il est nous soyons avec lui… » Il reviendra ramasser tous les hommes, les rassembler à la fin de l’histoire de l’humanité, pour que « là où Il est, ils soient tous avec Lui ». C’est ce que nous espérons ; l’espérance est l’attitude, la vertu des chrétiens après l’Ascension, l’attente : « Viens Seigneur Jésus… ». Ce sont les derniers mots de la Bible que nous avons entendus à la fin de la seconde lecture. Dans cette attente, Jésus, debout à la droite du Père, nous attire, attire toute l’humanité, comme l’aimant attire et ramasse la limaille de fer… à condition qu’elle reste dans le champ magnétique :
Notre attente, notre espérance consiste à rester dans le champ magnétique. Comment ? La Parole de Dieu, en ce dimanche, nous indique 3 moyens privilégiés : Prier comme et avec jésus, travailler à l’unité entre nous, et parce qu’il ne peut pas y avoir d’unité réelle sans pardon : pardonner. Comme Jésus l’a fait sur la croix : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font… », comme Etienne, qui tombe sous les pierres de ceux qui le lapident: « Seigneur ne leur compte pas ce péché… ». La paix de Dieu, la paix du Christ, celle que nous échangeons à chaque eucharistie, la paix réelle entre les hommes appelle la capacité de pardonner. Quelques jours après les attentats du 13 novembre dernier à Paris, une femme est arrêtée dans la rue par un journaliste qui lui demande : « Que pensez-vous des mesures de sécurité, de l’état d’urgence décrété par le Président… » Elle répond : « Il faut bien se défendre, on ne va pas se laisser tirer dessus comme des lapins, mais ça ne suffit pas ; il va falloir aussi pardonner ». Cela c’est l’évangile : dernière parole de jésus, d’Etienne ; que ce soit toujours le dernier mot, le dernier souffle de nos cœurs de chrétiens » pour construire la Paix. Amen !
P. André-Jean
Abbaye Saint Benoît d'En Calcat - 81110 DOURGNE