« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière
Afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. »
Ce « comme » peut s’entendre de deux manières : Celui qui vient à la lumière, ce qu’il fait est semblable à ce que fait Dieu ; ou bien quand je m’approche de la lumière, quand j’entre dans la lumière je m’aperçois que ce que je fais ce n’est pas moi qui le fais c’est Dieu que le fait en moi ou par moi.
Il me semble que les lectures que nous venons d’entendre, sans exclure le premier, nous invitent à privilégier plutôt ce deuxième sens.
La première lecture tirée du livre des Chroniques nous offre un regard synthétique sur l’histoire d’Israël, sur notre histoire. Quand les hommes sont livrés à eux-mêmes, l’humanité git sous le poids de l’infidélité…cette infidélité qui consiste à imiter les pratiques sacrilèges des nations païennes,(les moeurs du monde nous dit St Bt), au point de profaner et de détruire ce qu’il y a de plus sacré : le sabbat, le Temple, Jérusalem elle-même, ici dans le texte des Chronique ; mais les exemples abondent aujourd’hui comme hier : l’infidélité, aboutit, nous en sommes témoins, à la destruction de l’homme, la femme, la terre… Et le résultat de cet aveuglement, de cette obstination est un esclavage qui nous exile de nous-mêmes au profit des forces animales qui sont en nous…pour 70 ans dit le texte, sous la domination de Nabucodonosor dont le livre de Daniel parle comme de l’homme au cœur de bête (Dn 4,13) qui se verra chassé d’entre les hommes pour habiter avec les bêtes (Dn 4,22) ; 70 ans pour compenser les innombrable sabbats profanés ; 70 ans, plusieurs générations : l’épreuve n’a d’égal que l’horreur infini du mal dont l’homme est capable quand il laisse les forces animales le dominer. Et c’est dans cette horreur, dans ces nations païennes – et non dans le peuple élu, pécheur – que Dieu suscite Cyrus, le sauveur qui va permettre le retour du peuple élu à Jérusalem. Seul Dieu peut faire ça, se servir d’un païen pour ramener son peuple à Jérusalem : le Roi de Perse annonciateur du Messie !
L’Evangile nous parle du serpent de bronze élevé par Moïse pour, dans le désert, sauver le peuple des morsures du Serpent qui dès le commencement a induit l’homme en erreur ; Serpent de bronze qui, comme Cyrus, annonce le Sauveur, élevé sur la Croix, Celui qu’il faut regarder parce que nous l’avons transpercé. Monter vers Jérusalem, regarder vers celui qui est élevé, c’est regarder vers le Christ, vers Dieu. Le peuple, sous Cyrus est allé de Babylone à Jérusalem, dans le désert il a levé les yeux vers ce que Moïse a élevé (s’est contenté d’élever) ; ces réalités ne sont que le signe d’un fait infiniment plus important, plus puissant : Dieu envoie son Fils du Ciel sur la terre par pitié et par amour pour cette humanité qui gît dans les ténèbres, et ce Fils du bord du Jourdain où il est allé rejoindre les pécheurs, parcourt toute la détresse humaine pour, à Jérusalem monter lui-même sur la croix afin que tous ceux qui passent sur le chemin – ce chemin des hommes – puissent voir jusqu’où l’amour peut aller… jusqu’à traverser et prendre sur soi toute la souffrance de l’humanité, toutes les souffrances que le mal qui a ses racine dans le péché, est capable de faire subir aux hommes.
Ce christ est au cœur de la deuxième lecture ; en le mentionnant 4 fois, St Paul insiste « c’est bien par grâce que vous êtes sauvés », cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu », « cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à s’en vanter » Si nous sommes sauvés, c’est parce qu’il nous sauve, si nous sommes ressuscités, c’est « avec lui » Si Dieu nous a fait revivre, « c’est avec le Christ » « s’il nous a fait régner aux cieux c’est » avec lui » et « dans le christ Jésus »…cela ne vient pas de vos actes.
Pour que ce salut de Dieu puisse agir en nous il nous est demandé une seule chose : croire au nom du fils unique de Dieu, c’est à dire « préférer la lumière aux ténèbres » ne pas avoir peur de la lumière, laisser la lumière nous reprocher nos œuvres mauvaises et avoir l’humilité de reconnaître que si nous sommes capables, de faire sinon le bien , du moins du bien ou quelque chose de bon, ce n’est pas « comme » ou en simple « union » Dieu, c’est parce que Dieu lui-même le fait en nous.
La source de notre joie est dans la reconnaissance de la présence invisible en nous, malgré nos fautes, de celui qui est mort pour nous, de celui qui seul fait le bien, parce que seul il est le Bien.
Dieu bon et fidèle qui jamais ne se lasse de nous appeler à une vraie conversion et, dans ton Fils élevé sur la Croix nous guérit des morsures du Malin, ouvre nos cœurs à la richesse de ta grâce afin que, renouvelés dans l’Esprit, nous puissions correspondre à ton amour éternel et infini. Amen
P. Thierry
Abbaye Saint Benoît d'En Calcat - 81110 DOURGNE