Sœurs et frères, les paroles et les actions de Jésus vont toujours au-delà de ce que nous relatent les Evangiles car ‘ses paroles et ses gestes voilent l’invisible, la plénitude de Dieu qui habite en Lui corporellement’ nous dit une lettre de saint Paul aux Colossiens. C’est bien l’invisible de la personne du fils de Dieu, le Verbe fait chair, que nous sommes invités à croire et à voir par la lecture que nous venons d’entendre.
En présence d’un homme tourmenté, comme le font percevoir son comportement, ses paroles et ses convulsions, Jésus agit en créateur : « Il a bien fait toute chose » nous dit l’Ecriture. Aussi veut-Il que son image, déposée en chaque être, en cet homme malade qui a perdu le contrôle sur lui-même, qui a perdu son unité, Jésus veut que tout cela revienne à la beauté humaine dans laquelle il est né. Jésus aime les corps, Il ne les brise pas, et c’est le beau rôle que continuent, parmi nous, les infirmières, les médecins et les chirurgiens. Mais, la guérison que Jésus opère n’est que la face visible de ce qu’Il effectue en ce miracle comme dans tous ses autres miracles. L’homme malade de la synagogue, guéri en son comportement extérieur, est guéri plus certainement en ses profondeurs mentales, spirituelles et corporelles. En cet homme rénové, Jésus manifeste visiblement ce pourquoi Il est venu en notre humanité : guérir en tout être humain le plus profond de l’esprit, de l’intelligence, du cœur et de la volonté et les ramener à l’unité pour que nous soyons à Dieu sans partage. Car chacun de nous est divisé du fait de notre dualité, ‘esprit et chair en lutte l’un contre l’autre’ comme le dit saint Paul lui-même. L’homme intérieur se met sous la Loi de Dieu mais une autre loi, celle de nos envies, de nos fantasmes, lutte contre l’appel du Seigneur : nous sommes divisés, le diviseur, le diable de ‘chacun pour nous’. Retrouver l’unité dans laquelle Dieu nous a créés, restaurer la ressemblance divine dont nous sommes empreints dès notre naissance, tel est le but de Jésus et telle est la signification de la guérison qu’Il opère en cet homme tourmenté, guérison dont la portée dépasse cet unique malade. En guérissant cet homme, Jésus s’implique dans l’humanité dont Il fait partie. Dans ce qu’Il accomplit dans la synagogue, il nous faut voir un signe de son action dans l’univers entier : Il n’y est pas passif, Il y agit continuellement pour y accroître son Règne, pour nous guider vers son Royaume éternel à venir. Cela peut nous sembler bien obscur dans les temps difficiles de misère, d’hostilité, de meurtres, de guerres que nous traversons. Cependant l’action bienfaisante de Christ n’est pas moins réelle : action cachée, invisible, comme Il est Lui-même, cependant il guérit réellement, peu à peu, notre monde. Sa Parole, semée quotidiennement, n’est pas sans fruit : elle anticipe déjà le Royaume. Quel est cet homme, se demandaient les témoins du miracle accompli par Jésus ? Leur pressentiment n’a plus d’obscurité et d’incertitude pour nous, chrétiens. Elles se sont changées en lumière depuis que le Christ est ressuscité.
Derrière le voile des paroles et des actions de Jésus que nous rapportent les Evangiles, c’est l’Invisible que nous voyons et auquel nous croyons. Il est celui qu’annonçait Moïse, Il est celui pour lequel nos yeux doivent s’ouvrir davantage à sa Lumière. Oui, Seigneur, Tu es venu pour éclairer tout homme en ce monde. Tu es, non pas le Saint de Dieu, mais le Dieu trois fois Saint que nous allons chanter : « la terre est remplie de ta Gloire ! » amen.
Fr. Athanase
Abbaye Saint Benoît d'En Calcat - 81110 DOURGNE